Les Français du Jour J (troisième partie)

La résistance intérieure

Batterie allemandeIl est bien sûr impossible de citer tous les réseaux ou les mouvements qui ont mené des actions en lien direct avec le débarquement. En amont de celui-ci, les renseignements transmis par les réseaux ont pu se révéler précieux en matière de connaissance du terrain et des défenses allemandes: par exemple, à Pégasus Bridge (voir l’article “opérations aéroportées”), les Allemands ont rasé deux bâtiments pour étendre l’espace couvert par leur puissance de feu. A l’inverse , la nouvelle de l’installation d’une batterie de DCA supplémentaire près de Carentan (le 5 juin !) arrive trop tard. De façon générale, on peut considérer qu’au moment de l’affrontement, la bataille du renseignement a largement été gagnée par les Alliés, et la résistance y est évidemment pour beaucoup.

En prévision du jour J, ont été créées, en mars 1944 par le Général De Gaulle, les Forces Françaises de l’Intérieur, qui unifient tous les combattants, en englobant obligatoirement toutes les troupes clandestines et en les organisant sur un modèle militaire. Elles sont dirigées depuis avril par le général Koenig, le vainqueur de Bir-Hakeim, qui assiste Eisenhower depuis Londres. En juin 1944, on estime qu’elles regroupent quelques 200 000 hommes. Mais, comme le Général De Gaulle lui-même l’écrit dans ses mémoires : « ce qui fait le nombre de combattants, c’est d’abord le nombre d’armes à leur disposition ». En cela, la résistance intérieure dépend étroitement du bon vouloir du commandement allié, et l’on sait qu’Enseinhower était peu enclin à faire confiance à une armée qui ne soit pas “régulière”. Son message radio du 6 juin invite clairement les patriotes à se tenir sur la réserve. Il en va bien évidemment tout autrement du Général de Gaulle : “Pour les fils de France, où qu’ils soient, quels qu’ils soient, le devoir simple et sacré est de combattre, par tous les moyens dont ils disposent. Il s’agit de détruire l’ennemi, l’ennemi qui écrase et souille la patrie, l’ennemi détesté, l’ennemi déshonoré.”

Le 16 mai, le plan Caïman transmet aux combattants de l’intérieur les buts qu’ils devront s’efforcer d’atteindre. Il reprend les différents plans de destruction élaborés en concertation avec les spécialistes et chefs de mouvements et/ou de réseaux compétents sur place dans les différents domaines: plan vert pour les voies ferrées, violet pour les télécommunications, bleu pour les centrales électriques, plan tortue pour les routes, etc…

drapeau FFL FFIL’annonce de l’arrivée des Alliés sur les plages du débarquement donne bien entendu le signal d’une action généralisée. C’est le fameux épisode des messages codés, le plus célèbre, les vers de Verlaine repris dans “Le jour le plus long“, n’étant qu’un parmi tant d’autres. La Bretagne, qui foisonne de maquisards, et a vu arriver les parachutistes des SAS (voir plus haut), voit près de 30 000 hommes se soulever pour harceler l’ennemi, donnant lieu parfois, comme le 18 Juin, à Saint-Marcel, près de Malestroit, à de véritables batailles rangées. L’occupant se verra bientôt bloqué dans les grandes villes et les ports. Quand les blindés de Patton, après la percée d’Avranches, arrivent en Août, les FFI ont déjà fait 3000 prisonniers, et 1800 allemands sont morts.

Après la guerre, le Général Eisenhower évaluera l’apport de la résistance dans la bataille de Normandie, puis de France, comme ayant été l’équivalent de 15 divisions. Certains historiens ont jugé l’estimation trop haute. Peut-être, mais il ne s’agit de l’évaluer que d’un point de vue militaire, et la Résistance, c’est bien évidemment beaucoup plus que ce simple aspect.

Le commando Kieffer

Le quatrième et dernier volet de notre dossier sur les français du Jour J, celui sur le commando du commandant Philippe Kieffer fait l’objet d’un article dédié. A venir prochainement.

Retrouver l’intégralité du dossier ici

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