Général Crocker
John Tredinnick Crocker naît dans le Kent le 3 janvier 1896. Lors de la première guerre, il s’engage comme simple soldat, avant de devenir officier au sein du “Machine Gun Corps“, unité spécialisée dans l’emploi de fusils-mitrailleurs, qui s’est constituée en octobre 1915 sur le front français, et qui se transformera en arme blindée à la fin de la guerre (y a également servi Richard Gale, voir l’article qui lui est consacré).
Son comportement en France lui vaudra à la fois la médaille militaire et le Distinguished Service Order. Retourné après-guerre à la vie civile, il songe à devenir avocat, mais se rend compte que le métier des armes lui manque, et décide d’y retourner. Après un passage dans l’infanterie au Middlesex Régiment (le même que Bucknall), il retrouve son ancien corps, devenu entretemps le Royal Tank Corps. Ses affectations successives en unités ou en État-major lui vaudront d’épauler successivement Percy Hobart, puis Allan Brooke, le futur “CIGS” (Chef de l’état-major général impérial).
En avril 1940, donc juste avant le début des hostilités, on lui confie le commandement de la 3e Brigade, au sein de la 1ère Division Blindée, laquelle débarque à Cherbourg alors que le reste du corps expéditionnaire reflue déjà vers Dunkerque. Lorsque la 1ère DB rembarque à son tour, il ne reste plus que 13 chars sur l’ensemble de la division !
De l’automne 40 à l’automne 42, le Général Crocker prend du galon : commandant de la 6e DB (GB), du 2e groupe blindé (Moyen-Orient), puis du IXe corps (GB). En 1943, il retrouve le front en Afrique du Nord, à la tête du IXe corps. C’est là, juste avant la bataille finale pour Tunis, qu’il est blessé à l’entraînement lors de la démonstration d’une arme anti-chars. Le reste de la campagne se fera sans lui !
A son retour en service, en août 1943, on lui confie le commandement du 1er corps, avec lequel il aura à organiser le débarquement sur les plages de Sword et Juno, lequel est globalement réussi. En revanche, Caen n’est pas tombée, puisque les défenses allemandes ne cèderont la ville que le 20 Juillet ! Nous l’avons déjà évoqué (articles consacrés au Général Montgomery et au Général Bucknall) ce piétinement dans le bocage, ces échecs successifs à contourner l’obstacle, puis à le prendre de front, seront vivement reprochés aux Britanniques et donc à leurs officiers généraux, même si, en l’occurrence, c’est essentiellement Montgomery qui dirige la manœuvre.
En août 1944, le 1er corps est intégré à la 1ère armée canadienne, qui va se charger de nettoyer les zones des dernières défenses allemandes depuis l’estuaire de la Seine jusqu’aux Pays-Bas, en passant par le Nord de la France et la Belgique. Au moment de la capitulation, le premier corps est encore en Hollande (pays dans lequel, le fils unique de Crocker, Wilfrid, combattant de la 7e DB, a trouvé la mort au combat en octobre 1944).
En 1945, il devient commandant en chef des Forces du Sud (l’armée britannique stationnée en Grande-Bretagne étant répartie sur 4 commandements : Northern, Western, etc…), puis en 1947 commandant en chef au Moyen-Orient. Montgomery avait souhaité qu’il lui succédât au poste de CGIS (voir plus haut), mais le premier ministre Attlee lui préfère William Slim. Après avoir été anobli, il termine comme Adjudant-Général (fonction qui n’a pas vraiment d’équivalent chez nous) et se retire en 1953. Il continuera à rédiger des manuels qui constitueront la doctrine britannique en matière d’usage de l’arme blindée. Il décède à 67 ans, le 9 Mars 1963.
Sa page Wikipédia d’où vient d’ailleurs la photographie
N’oubliez pas de mentionner qu’il a dirigé les opérations de bombardements massifs du Havre du 5 au 12 septembre 1944, lesquels furent un véritable désastre (aucune position allemande touchée mais 2000 civils tués et une ville centre complètement détruite).