Général Taylor
Maxwell Davenport Taylor naît en août 1901 dans le Missouri. Ce fils d’avocat, dont on dit que sa vocation militaire lui vint des récits de sa grand-mère qui avait connu la guerre de sécession, possède un profil pour le moins atypique au sein de l’armée. C’est un lettré : il parle le français et l’espagnol, mais pratique aussi le latin et le grec. Il entre malgré tout à West Point, dont il sort plus jeune diplômé en 1922, pour rejoindre le Génie. Commence alors une carrière somme toute assez peu militaire : ayant été reversé dans l’artillerie, il se retrouve en 1927 en poste à Paris, avant de retourner à West Point, comme professeur cette fois, de français, puis d’espagnol.
Il sera par la suite envoyé à l’ambassade des États-Unis à Tokyo pour y apprendre le japonais, puis nommé attaché militaire à Pékin. Ce sont ensuite des fonctions d’État-major, à l’Etat-Major Général d’abord, puis, en 1942, comme chef d’État-major de la 82e Airborne. C’est avec elle (il commande désormais l’artillerie divisionnaire) qu’il participe à ce qui constitue pour lui le baptême du feu : le débarquement en Sicile puis en Italie (juillet-septembre 1943).
Peu de temps après, ses compétences particulières lui valent d’être désigné pour une mission hautement périlleuse : très loin des lignes, en terrain ennemi (tout en portant l’uniforme pour ne pas risquer l’exécution comme espion en cas de capture), prendre contact avec le nouveau gouvernement italien (le Maréchal Badoglio) pour préparer avec lui une opération coordonnée sur Rome en liaison avec les forces italiennes. L’opération est annulée à la toute dernière minute, les Allemands ayant investi les zones de parachutage. Les avions ont pourtant déjà décollé : c’est en vol que leur parvient le contre-ordre de Taylor, qui évite ainsi un massacre.
En mars 1944, il est promu commandant de la 101e Airborne, qui prépare en Angleterre le futur débarquement. C’est donc à sa tête qu’il saute le 6 juin 1944, devenant du même coup le premier général allié à poser le pied dans notre pays (la 82e est parachutée avec une heure de décalage).
Nous ne reviendrons pas sur la description des opérations aéroportées au sein desquelles règne la plus grande confusion, mais où les unités finissent malgré tout par s’agréger, fût-ce avec d’autres que celles qui étaient prévues. Taylor forme ainsi avec le lieutenant-colonel Ewell (501e PIR) et le général Mac Auliffe (commandant l’artillerie divisionnaire) une colonne qui s’empare de Poupeville, première sortie d’Utah Beach, et fait la jonction avec les troupes débarquées vers 13 h. Taylor mènera sa division tout au long des futurs combats, notamment le siège de Carentan, jusqu’à sa relève fin juin.
L’histoire a bien failli se terminer pour lui plus tôt : lors de la cérémonie de libération de la ville, le 24 juin, il est pris pour cible par un tireur allemand embusqué, lequel abat la fillette qui lui remettait un bouquet de fleurs. On le retrouve avec sa division lors de l’opération Market Garden voir l’article consacré à Montgomery, mais, par un concours de circonstances, il va manquer ce qui constitue un des plus hauts faits d’armes de la 101e, le siège de Bastogne : retenu pour une quinzaine de jours par une conférence d’État-major aux États-Unis, il a laissé le commandement à Mac Auliffe. C’est ce dernier qui répondra à la proposition de reddition du commandant allemand par le fameux “Nuts” (littéralement : “des noix”, mais que nous traduirions plutôt par “des clous”)
Après la guerre, il prend pour quatre ans la direction de West Point, avant de devenir chef d’État-major des forces en Europe, Commandant en chef à Berlin, puis, de 1953 à 1955, chef de la VIIIe armée lors de la guerre de Corée.
De 1955 à 1959, il est Chef d’État-major de l’Armée, poste dans lequel ses relations avec Eisenhower, devenu, lui, Président, vont se détériorer : les deux hommes n’ont pas la même conception en matière d’équilibre entre forces nucléaires et conventionnelles. Taylor se retire ainsi du service actif.
Kennedy va l’y rappeler. Il le charge d’abord d’une mission d’enquête sur l’échec du débarquement de la baie des cochons, puis, en 1962, le nomme Chef d’État-major des Armées, poste dans lequel il réussit à convaincre JFK, pourtant opposé, à envoyer des troupes au Vietnam.
Il quitte l’armée en 1964 pour devenir ambassadeur au Sud-Vietnam (jusqu’en 1965), et restera conseiller spécial du Président (Lyndon B. Johnson) jusqu’en 1969. Il meurt à Washington en Avril 1987, et est enterré au cimetière d’Arlington (photo extraite de ce site où vous pourrez trouver quelques autres photographies du Général Taylor).