GOLD BEACH
Gold Beach, c’est la plage la plus à l’Ouest de la zone anglo-canadienne, d’Asnelles à Ver-sur-mer. On notera que le secteur le plus occidental – comme toutes les plages, Gold beach était partagée en secteurs dénommés avec une lettre de l’aphabet, en l’occurrence H (How), I (Item) J (Jig) et K (King) – celui de How, correspondant à Arromanches, ne sera pas utilisé ; ce qui vaudra à la ville, bien que directement en front de mer, d’être libérée… par la terre (par la 231e Brigade).
Sommaire
Débarquement sur les plages anglaises de Gold
Comme sur les deux autres plages anglo-canadiennes, l’assaut y débute une heure après celui des Américains, en raison de la marée. Mais, là aussi, les conséquences du mauvais temps se font sentir, avec dérive des embarcations ou retard à l’arrivée.
C’est le XXXe corps britannique (Général Bucknall), composé des 49e et 50e Divisions d’Infanterie et de la 8e Brigade cuirassée, qui prend pied sur les plages, sans trop de pertes (413 morts sur 25 000 hommes débarqués), malgré une résistance allemande à l’est, au hameau de la Rivière, et une contre-attaque dans l’après-midi, finalement repoussée. L’apport des Hobart Funnies, ces drôles de chars, se révèle déterminant : dès 1943 avait été constituée une unité spéciale, la 79e DB, commandée par le Général Percy Hobart, tiré de sa retraite pour l’occasion, chargée de concevoir et de réaliser des dispositifs capables de venir à bout du Mur de l’Atlantique. Ainsi naîtront le Crabe, char équipé d’un fléau géant pour détruire les mines devant lui, des chars Churchill équipés, qui d’un lance-flammes pour nettoyer les casemates, qui d’un mortier pour détruire les obstacles à bout portant, des chars Facine qui déversent des tiges métalliques dans les fossés pour les combler, des chars Bobine qui déroulent un tapis de toile sur la plage pour faciliter la progression des véhicules. À Gold beach, ces engins vont nettoyer la plage. Pour autant, au soir du 6 Juin, les objectifs assignés ne sont pas atteints : les troupes débarquées à Gold, avec celles de Juno, étaient censées libérer Bayeux dès le jour-même : la jonction s’est bien faite, mais, à la tombée de la nuit, les troupes alliées sont encore à deux kilomètres : la ville ne sera libérée que le lendemain, certes sans coup férir, les Allemands l’ayant abandonnée.
Gold Beach Arromanches le paradoxe
Aujourd’hui, paradoxalement, Gold beach est la seule des cinq plages sur laquelle on puisse encore voir des vestiges du Jour J, et ceci à … Arromanches, c’est-à-dire au (presque) seul endroit où personne n’a débarqué !
C’est en effet l’endroit choisi par les Alliés pour fabriquer des installations portuaires qui, autrement, auraient cruellement fait défaut : il n’y a aucun port d’importance dans la zone choisie ; le raid canadien de Dieppe en 1942 a par ailleurs montré qu’il ne fallait pas escompter pouvoir s’emparer d’un port qui demeurerait utilisable ; et Cherbourg est encore, (malgré l’extension des zones de débarquement proposé par Montgomery), à 50 kilomètres du front et ne pourra donc pas être libéré si rapidement.
Projet Mulberry
D’où l’idée, imaginée dès 1942 par Lord Mountbatten, d’amener des structures « préfabriquées » en Angleterre, remorquées à travers la Manche, et posées aux endroits voulus : c’est le projet « Mulberry ». Deux ports artificiels sont ainsi conçus, à base de caissons en béton, étanches lors de la traversée, puis coulés une fois arrivés “à bon port” et de jetées métalliques flottantes: l’un en secteur britannique, c’est Port Winston, devant Arromanches, l’autre en secteur américain, à Omaha beach, devant Saint-Laurent : 144 000 tonnes de béton, 850 000 tonnes de lest, 105 000 tonnes d’acier, prévus pour être utilisés 90 jours au moins et résister à une tempête de force 6. Malheureusement, celle qui se lève le 19 juin, alors que tous les travaux ne sont pas terminés, rendra inutilisable le Mulberry américain. Heureusement, le Britannique (est-ce dû à son nom de baptême ?) va résister. Il accueillera, tout au long des opérations de la bataille de Normandie, 12 000 tonnes de matériel par jour.
Aujourd’hui encore, certains de ces caissons sont visibles sur la plage même d’Arromanches, ou à quelques encablures, amenant ainsi le paradoxe évoqué plus haut.